Oui, en effet ! Rendons à César ce qui appartient à César et cessons d’apposer l’étiquette « tibétain » sur à peu près n’importe quoi.
Pas plus tard qu’hier, je suis tombée sur de soi-disant encens tibétains, dans la même lignée que les prétendus bols chantants tibétains, le soi-disant Reiki tibétain avec des symboles et une logique qui n’ont absolument rien à voir avec la véritable pratique tibétaine de guérison par imposition des mains, ou encore les « Cinq Tibétains », ces fameux mouvements dont la théorie repose à 100 % sur le système yogique indien et non sur le système tibétain — et qui, bien entendu, ne sont reconnus par aucun maître tibétain.
La liste est longue. Aujourd’hui, je n’entrerai pas dans tous les détails — vous pouvez déjà trouver sur ce blog un article consacré aux soi-disant « bols chantants tibétains », et d’autres articles aborderont plus tard les autres « faux tibétains ».
Restons simples — et logiques !
Si vous êtes attiré·e par les divinités indiennes, tournez-vous vers les yogas indiens et la médecine ayurvédique, et parlez de doshas, de nadis, des 7 chakras, du pranayama, afin d’intégrer une approche du développement intérieur du corps et de l’esprit à travers la sagesse indienne du mouvement, du souffle, des pratiques méditatives et de l’alimentation — en cohérence avec l’univers indien.
Si vous êtes davantage attiré·e par les mystères de la sagesse chinoise ancienne, le taoïsme, le confucianisme et le bouddhisme chinois, vous trouverez votre épanouissement dans la pratique du Qi Gong, du Tai Chi et des nombreuses techniques de mouvement inhérentes à la médecine traditionnelle chinoise. Ces enseignements peuvent être associés à la diététique chinoise, à l’acupuncture, et bien plus encore.
Si ce sont les monastères tibétains et leurs nombreuses divinités, les mandalas de sable éphémères aux mille couleurs, les récits de vies éveillées de Milarepa, Padmasambhava, Tilopa, Naropa, Shantideva, Dharmakīrti, et tant d’autres qui vous fascinent, alors n’hésitez pas — découvrez les yogas tibétains tels que Lu Jong, Kum Nyé ou encore l’Épée de sagesse tibétaine (Tog Chöd), qui unissent magnifiquement la médecine tibétaine et le bouddhisme tibétain dans une compréhension unifiée et profonde.
Et si vous souhaitez tout savoir sur le Yoga de l’Ermite, ce yoga thaïlandais à l’origine du massage traditionnel thaï Nuad Bo’Rarn (aujourd’hui inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO), alors il est temps de vous tourner vers le Ruesi Dat Ton !
Restons équanimes
Bien entendu, le but de cet article n’est pas de dire que l’un est meilleur que l’autre.
Il s’agit plutôt de dire ceci :
Lorsque nous parlons de Chi, de Prana, de Mana ou de Lung, nous parlons de la même chose — mais chaque univers, indien, chinois ou tibétain, possède sa propre méthode, son vocabulaire, son esprit.
C’est pourquoi, si l’on souhaite aller en profondeur avec un objectif spirituel, il est toujours préférable de porter deux chaussures identiques plutôt qu’un sabot au pied droit et un talon haut au pied gauche ou encore une tong à gauche et une chaussure de ski à droite.... Certes, avec des chaussures dépareillées, on peut tout de même avancer sur le chemin, mais il est évident que ce sera plus difficile et plus long. D’autant plus qu’il faudra sans cesse décoder que nadi = tsa ou chakra = tsakhor. C’est un exemple simple, mais si l’on commence à disséquer le fonctionnement de l’esprit ou à parler des deux vérités (ultime et conventionnelle), il devient clair que tout se complique lorsque l’on mélange constamment différentes traditions.
Au final, il existe un réel risque de ne plus rien comprendre du tout et de perdre un temps précieux — alors que la vie passe si vite et est si courte — pour celles et ceux qui souhaitent réellement marcher sur la voie de l’éveil.
Toutes ces pratiques de mouvement appartiennent à des systèmes spirituels holistiques, chacun complet en lui-même.
Cela signifie que l’on peut bien sûr les aborder comme de simples activités de bien-être — les bénéfices physiques seront réels. Mais ce serait dommage de ne pas utiliser les trésors spirituels qu’elles peuvent offrir lorsqu’elles sont présentées dans leur globalité.
Lorsqu’on les relie à l’univers dont elles sont issues, elles peuvent véritablement transformer de l’intérieur, car elles permettent d’aller plus en profondeur et de les pratiquer de manière intérieure. Et ce faisant, la pratique intérieure habituelle s’enrichit de cette cohérence et gagne en profondeur.
Je vois souvent sur les réseaux sociaux des personnes se présenter sous des « noms tibétains », laissant entendre qu’elles ont pris refuge dans le bouddhisme, suivent des enseignements, méditent, etc. … tout en se plaignant constamment, en faisant preuve d’irrespect, voire en adoptant des comportements grossiers, parfois agressifs. Sans parler de celles et ceux qui mélangent tout — introduisant les anges dans le bouddhisme et parlant de « l’âme »…
Et je me demande : qu’est-ce qui ne fonctionne pas ici ?
Ne serait-ce pas lié à un manque de compréhension, né d’un manque de vision globale — vision qui ne peut se développer que lorsque l’on reçoit des enseignements issus de différentes branches… mais toujours des branches d’un même arbre ?
Une réflexion à méditer…
Alors parlons de yoga tibétain.
Bien sûr, je pourrais vous parler des yogas indiens ou du Qi Gong, mais je ne les connais pas en profondeur, et je n’en ai pas le souhait. Je préfère consacrer mon énergie à étudier toujours davantage le Mahāyāna, le Tantrayāna et la médecine tibétaine.
Et, très concrètement, je vous invite simplement à faire le pas — à essayer.
👉 Lu Jong ne vous mordra pas.
👉 Moi non plus.
👉 Vous ne serez pas transformé·e en divinité courroucée.
👉 Vous n’avez qu’à y gagner.
Le Lu Jong est une pratique enracinée dans la médecine tibétaine, entièrement adaptée à nos emplois du temps surchargés et à nos corps engourdis par trop d’heures passées au bureau, en voiture ou sur le canapé.
Il n’est pas nécessaire de répéter ici tous les bienfaits du Lu Jong — je les ai déjà décrits dans d’autres articles ou dans les présentations de la pratique.
Un yoga de guérison pour le corps et l’esprit
La médecine est l’une des cinq grandes sciences du bouddhisme — alors pourquoi ne pas utiliser un yoga de guérison enraciné dans la médecine tibétaine, avec ses termes, ses explications et ses concepts propres ?
C’est en effet une voie puissante pour approfondir la compréhension des enseignements bouddhistes.
J’entends souvent des bouddhistes dire :
« En Mahāyāna, on ne parle pas des canaux, du corps subtil, etc., car cela relève du Tantrayāna. »
Et pourquoi ?
« Parce que c’est dangereux. »
Cette approche est réellement regrettable, car ne pas parler des canaux et du corps subtil revient à nier toute la tradition médicale — alors que la médecine fait pleinement partie du bouddhisme ! Et la médecine n’est pas dangereuse. La médecine tibétaine est une science profonde, riche de résultats, offrant une compréhension logique, méthodique et scientifique de notre corps.
Lorsque nous enseignons le Lu Jong, nous transmettons un enseignement pratique à travers le mouvement, le travail du souffle et la méditation — mais aussi un enseignement théorique, qui permet de comprendre la relation entre le corps et l’esprit, à la lumière du bouddhisme et de la médecine tibétaine.
Cela vous permet de mieux comprendre qui vous êtes, pourquoi vous fonctionnez de certaines manières, et pourquoi votre corps peut parfois manquer d’énergie. Vous découvrez le lien qui permet la transformation de l’esprit à travers le corps, et vous comprenez comment le corps participe lui-même à cette transformation de l’esprit.
Une telle approche approfondit toute pratique méditative que vous pouvez déjà avoir auprès d’un maître, tout en améliorant significativement la santé globale et la vie quotidienne — sur le plan physique, mais aussi dans la capacité à apprécier l’instant présent — car le corps et l’esprit sont intrinsèquement liés.
La capacité à apprécier le moment présent, même au cœur des difficultés de la vie, devient alors votre meilleur allié lors des journées où la joie l’emporte sur la peur — tandis que le corps se fait plus léger, plus souple, plus rayonnant, plus agréable de l’intérieur.
En ces temps de changements et de défis globaux, quoi de mieux qu’une pratique complète permettant de se sentir véritablement bien ?
Vraiment bien. À l’intérieur comme à l’extérieur.
Alors, à très bientôt —
en cours (en ligne ou en présentiel à Paris ou Martigny, en Suisse),
en retraite (en France, en Suisse ou ailleurs),
en voyage (les prochains, en 2023, sont organisés autour d’événements bouddhistes !),
ou en formation d’enseignants (oui, vous aussi pouvez entrer dans cet univers et le partager avec d’autres !).
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